Visitez l’abbaye de Fontfroide
L’Abbaye de Fontfroide est située dans un vallon du Massif des Corbières, à une quinzaine de kilomètres de Narbonne, dans ce qui est appelé aujourd’hui le Pays Cathare. L’abbaye a traversé les siècles et les époques, chaque grande période laissant des traces dans ses bâtiments. Lieu chargé d’histoire et d’émotions, qu’essayent de vous faire partager les conférenciers tous les jours durant leurs visites, l’abbaye se visite également de façon libre, pour une approche plus personnelle et confidentielle.
Fontfroide au Moyen-Age
Fondée en 1093 par quelques moines bénédictins, l’abbaye se rattache en 1145 à l’Ordre de Citeaux. Elle connaît alors son essor et devient une grande et puissante abbaye, certainement une des plus importantes de la Chrétienté. Grâce à de nombreuses donations, sa richesse ne cesse d’augmenter, et, au XIIIème s., la communauté possède environ 25 000 hectares de terres. C’est également à cette époque que le nombre de religieux est le plus important, l’abbaye abritant 80 moines et 250-300 frères convers.
Très rapidement, Fontfroide va devoir se mêler à la vie politico-religieuse avec l’implantation dans la région d’une ‘nouvelle’ religion, celle des Cathares. Les moines quittent cloître et église, pour prêcher et essayer de convaincre le peuple de rester fidèle à l’Eglise.
Malgré tout, le catharisme se développe et gagne du terrain. Finalement, c’est l’assassinat d’un moine cistercien de Fontfroide, Pierre de Castelnau, qui précipitera la Croisade des Albigeois.
Jacques Fournier, abbé de Fontfroide devenu évêque de Pamiers (Ariège), dirigera quant à lui un grand tribunal d’inquisition, avant de devenir Pape, sous le nom de Benoît XII (pape d’Avignon). Son histoire vous est racontée par E. Le Roy Ladurie, dans Montaillou, village occitan.
L’époque glorieuse de Fontfroide s’arrête brusquement au XIV, avec la Peste Noire de 1348 : sur les 80 moines, seulement une vingtaine survivront.
Fontfroide du XVI jusqu’à la Révolution Française
Alors que l’Ordre cistercien avait été fondé en réaction contre l’évolution des bénédictins et leur éloignement de l’esprit rigoureux de la Régle de St Benoît, les moines cisterciens vont finalement connaître le même relâchement. Les religieux quittent leur dortoir afin de s’installer dans des cellules plus confortables, améliorent leur quotidien à table, embellissent l’abbaye. Les 12 puis 6 moines achètent café et chocolat, ont des chaises à porteur et jouent même au billard !
L’abbaye connaît également le système de mise en Commende : le Roi de France impose ses abbés, des nobles la plupart du temps, qui ne sont là que pour profiter des revenus de Fontfroide. L’abbaye va subir de nouvelles transformations, ces abbés ‘commendataires’ ne souhaitant certainement pas vivre dans une abbaye austère et dépouillée : des ouvertures renaissances apparaissent, une Cour d’Honneur est bâtie, des jardins à l’italienne sont implantés.
La Révolution Française met fin à toute vie monastique et à la mise en Commende, Fontfroide sera donnée aux Hospices de Narbonne en 1791.
Fontfroide du XIX à nos jours
L’abbaye sera réoccupée par quelques moines à partir de 1848. Douze moines cisterciens de l’abbaye de Sénanque (Gordes) s’installent dans des lieux qui n’avaient plus été entretenus depuis quelques siècles déjà, et qui avaient traversé tant bien que mal la Révolution. N’ayant que peu de moyens, les religieux ne pourront faire que quelques remises en état. Les lois de déparation de l’Eglise et de l’Etat provoqueront leur départ vers l’Espagne.
En 1908, Gustave et Madeleine Fayet achètent l’abbaye. Artiste, conservateur de Musée, collectionneur, Gustave Fayet entreprend une grande campagne de restauration et de redécoration de Fontfroide. Aujourd’hui, leurs descendants, toujours propriétaire des lieux, continuent cette restauration, grâce à vous, chers visiteurs !